Philosophie et Pratique de l’IndieWeb : Liberté, Contrôle et un Soupçon d’Impertinence
Introduction
Souviens-toi des années 80-90 (note pour moi-même : tu es vieux et beaucoup de gens sont nés après, mais bon, ça reste une bonne accroche 😁). À l’époque, il y avait des sites perso qui piquaient les yeux, mais qui vibraient d’une personnalité brute. Bon oui, les gifs animés étaient légion et la parcimonie n’était pas un terme à la mode en ce qui concerne ces derniers. Aujourd’hui, tout est trop design, trop yupster : beaucoup pensent que pour être crédible et pris au sérieux, il faut un site lisse, propre, sans aspérités. Un site tout blanc, épuré comme un bloc opératoire ? Très bien pour une chirurgie, pas pour refléter une personnalité. Au final, on perd l’âme du créateur farfelu, au goût douteux. Ce qui est douteux pour les uns est un vrai délice pour les autres. Alors pourquoi se brimer ? Pourquoi s’aseptiser ? Assumons ce que nous sommes et ce que nous aimons.
Et justement, c’est ce que l’on retrouve dans la philosophie IndieWeb. L’IndieWeb propose un vrai retour aux sources : chacun peut posséder son site, publier ses idées, sans dépendre des plateformes centralisées. Pas pour devenir célèbre, non, juste pour exister librement et pleinement. Oui, pourquoi chercher la célébrité ? Les réseaux sociaux nous poussent à vouloir des likes, des abonnés, et pour y arriver, on finit par faire des choses qu’on n’aurait jamais faites si ces likes et ces abonnements n’existaient pas. La recherche de la gloire nous pousse à faire plaisir à la majorité, et pour faire plaisir à la majorité, on va traiter des sujets neutres, sans intérêt et sans émotion. Certains font le chemin inverse et tombent dans le racoleur. (L’idée de mettre des photos de mes fesses pour gagner des vues ne m’attire pas vraiment… il est même possible que je fasse une contre-performance avec ces photos-là… je plaisante, j’ai un beau fessier, il faudra juste me croire sur parole 😁).
Bon, c’est quoi la philosophie de l’IndieWeb ?
L’IndieWeb repose sur une dizaine de principes fondamentaux (plus un bonus) :
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Own your data (Possède tes données) : vos contenus, vos métadonnées, votre identité vous appartiennent. C’est vous qui contrôlez, pas Facebook ou Medium.
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Humain avant machine : publiez des données lisibles par des humains d’abord, compréhensibles sans passer par un algorithme. Le Web doit rester accessible et lisible par nous, pas uniquement par Google.
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Make what you need / Scratch your own itch : construisez ce dont vous avez besoin. On crée d’abord pour soi, pas pour plaire à la terre entière.
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Use what you make (Dogfood) : utilisez vous-même les outils que vous fabriquez, sans compromis. Si vous ne dépendez pas de votre propre création, pourquoi quelqu’un d’autre le ferait-il ?
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Documentez vos trucs : partagez votre parcours, vos astuces. C’est donner des clés aux autres, et à soi-même plus tard.
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Open source : si tu crois à ce web libre, mets ton code à disposition. Tu n’y es pas obligé, mais l’ouverture du code permet à d’autres de rejoindre l’indie web plus facilement.
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UX avant protocoles : le confort de l’utilisateur passe avant la perfection technique. Vaut mieux un site imparfait mais agréable à utiliser qu’un protocole nickel chrome que personne n’adopte.
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Modularité et indépendance : Choisissez des outils flexibles et interchangeables, « platform-agnostic ». En gros, code modulaire, formats ouverts, pour ne pas se retrouver bloqué avec un vieux CMS ou une techno obsolète.
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Longévité : Construisez des outils et sites qui pourront tourner dans 5, 10, 20 ans. On vise le Long Web, la pérennité des contenus (liens permanents, etc.), pas l’éphémère.
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Pluralité : On encourage la diversité d’approches et d’implémentations, l’inverse d’une monoculture. L’IndieWeb préfère 5 projets différents qu’une seule plateforme qui fait loi – c’est cette diversité qui rend l’ensemble plus robuste.
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Et en bonus : Amuse-toi ! Eh oui, n’oublions pas le fun. “Souviens-toi de ta page GeoCities des années 90 avec fond fluo et GIFs moches ? C’était peut-être craignos, mais c’était fun, bordel”. L’IndieWeb garde cet esprit : gardons le Web étrange et intéressant. Le Web, c’est pas que du sérieux – ose la créativité, même kitsch.
En résumé, l’IndieWeb c’est un manifeste pour un web authentique, créé par des humains pour des humains, où chacun fait son petit bricolage dans son coin, partage ses trouvailles, et reprend le contrôle.
Reprendre le contrôle et redevenir entier
En dispersant nos contenus sur Facebook, Instagram, Twitter (enfin… X – on devrait utiliser cet exemple pour faire comprendre aux jeunes que la drogue, c’est mal… Appeler son réseau “X”, bon bref 🙄), on finit par être un patchwork fragmenté. Notre identité est diluée, voire auto-censurée, de peur d’être censuré. Publier chez les autres, c’est jouer selon leurs règles.
L’IndieWeb propose l’inverse : rassembler. Notre site devient notre maison, notre reflet. On peut y parler de physique quantique ou de crochet (spoiler alert : c’est un exemple, il n’y aura pas d’article sur le crochet ici. Oui, je sais, beaucoup vont me maudire de leur avoir fait espérer… je suis sincèrement navré 😇). On publie ce qu’on veut, comme on veut, sans craindre l’algorithme de YouTube ou la modération capricieuse d’un réseau social.
Vous allez me dire : “mais à quoi ça sert de faire son site si personne ne vient nous lire…” Je vous laisse quelques secondes pour formuler mentalement cette question à voix haute. Voilà. Reprise de la lecture, car il y a une solution 😏. On peut republier sur les réseaux sans perdre son indépendance : c’est le principe du POSSE (Publish on your Own Site, Syndicate Elsewhere). En français : Publie d’abord sur ton site, syndique ailleurs. Concrètement, tu postes ton article sur ton site, puis tu le partages sur Twitter, Mastodon, Facebook, whatever. Résultat : ton contenu original reste chez toi, bien au chaud, et la copie sur les réseaux pointe vers la source. Tu gagnes potentiellement en visibilité sans dépendre de ces plateformes, et si un réseau meurt, ton contenu survit. TADAAAAA ! (bruit de fanfare 🎺). Ce n’est pas de la théorie fumeuse : des outils comme Bridgy automatisent ce va-et-vient. Par exemple, Bridgy va prendre ton post et le publier sur Twitter, puis rapatrier les commentaires ou likes de Twitter sous forme de Webmentions sur ton site. Le meilleur des deux mondes, en somme.
Publier d’abord chez soi, c’est un changement de perspective. On n’écrit plus pour nourrir la machine à likes, on écrit pour soi et pour ceux qui veulent bien suivre. La question n’est plus “combien d’abonnés vont voir mon post ?” mais “est-ce que mon post me plaît, à moi, sur mon site ?”. On reprend le contrôle de son identité numérique, et ça fait un bien fou.
Les briques techniques qui font l’IndieWeb
Bon, c’est bien beau la philo, mais concrètement, comment ça se matérialise ? Il existe tout un écosystème de standards et outils (appelons-les les briques techniques) qui permettent de construire ce web indépendant. Les principaux à connaître :
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Webmention – un protocole Web standard (W3C) pour recevoir des notifications lorsqu’un autre site parle de vous ou de l’une de vos pages. En gros, c’est le successeur moderne des trackbacks de nos blogs d’antan. Exemple : je publie un article sur mon site, tu écris une réponse sur ton site à toi en faisant un lien vers mon article, et pouf mon site peut recevoir une webmention de la part du tien m’indiquant « Hé, on parle de toi ici ! ». Mon site peut alors afficher ta réponse comme un commentaire, même si elle est hébergée ailleurs. Tout ça sans plateforme centralisée : ce sont nos sites qui discutent entre eux via leurs API. Plutôt cool, non ? (Bon, en théorie du moins – j’y reviendrai dans le coin des experts plus bas 😅).
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IndieAuth / Rel‑me – c’est l’identification fédérée version IndieWeb. Le principe : utiliser votre propre site comme identité pour vous connecter partout. Plus besoin de “Login with Facebook” ou “Se connecter avec Google” qui aspirent vos données ; à la place, vous pouvez avoir “Login with MonSitePerso.com”. Techniquement, IndieAuth est une surcouche à OAuth 2.0, un standard d’authentification, qui permet à votre nom de domaine de devenir votre passeport. Ça fonctionne en associant votre site à des comptes existants (via des liens rel=me qui prouvent que vous êtes bien derrière ces comptes). Puis, les sites compatibles IndieAuth peuvent déléguer l’authentification à votre site ou à un serveur IndieAuth que vous contrôlez. Dit plus simplement : un login universel perso où vous restez maître. (Est-ce que ça va détrôner Facebook Connect demain ? Non. Est-ce que c’est satisfaisant à utiliser pour un geek comme moi ? Carrément oui 😎.)
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Micropub – une API standardisée qui permet de publier du contenu sur votre site depuis une application tierce. Imagine : tu as codé ton site statique ou tu utilises WordPress, peu importe. Micropub définit comment une app peut te créer un nouvel article, une note, un “J’aime”, etc., sans connaître les coulisses de ton site. En pratique, ça veut dire qu’il existe des applis mobiles ou desktop qui te permettent de publier sur ton propre site aussi facilement que tu posterais un tweet via Twitter. Tu peux par exemple utiliser une app IndieWeb pour poster une photo sur ton site depuis ton téléphone, sans aller dans l’admin WordPress ou taper du code. Micropub se charge de communiquer avec ton site via une API commune à tous. Fini d’être prisonnier de l’interface de telle plateforme : tu postes depuis où tu veux, comme tu veux, mais toujours sur ton domaine.
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POSSE – on en a déjà parlé : Publish (on your) Own Site, Syndicate Elsewhere. C’est un mantra plus qu’une techno, mais il s’appuie sur des outils (dont Bridgy). L’idée est de publier en premier sur son site perso, puis de pousser le contenu vers les réseaux externes si on le souhaite. Une fois configuré, c’est assez magique de voir un article posté sur
monsite.frapparaître automatiquement sur Twitter, Mastodon, etc., avec un lien vers la source. Et cerise sur le gâteau, grâce aux Webmentions inversées, les commentaires ou réactions sur ces réseaux peuvent revenir enrichir la page d’origine (via Bridgy par exemple). On garde la maîtrise tout en restant présent sur la place publique.
(Perso, c’est surtout le POSSE qui m’intéresse. Le reste est utile, mais j’avoue que me loguer via mon site ou éditer mon site via une appli externe, c’est moins ma tasse de thé. À vous de voir ce qui vous parle le plus – c’est ça aussi l’IndieWeb : on pioche les briques qui nous conviennent).
Sérieusement… ça marche, ce truc ?
Bon, on va être honnête : la communauté IndieWeb n’est pas (encore) massive. On est loin du nombre d’utilisateurs d’un Facebook ou même de Mastodon. En 2017, un projet appelé IndieMap a crawlé environ 2300 sites indie actifs. 2300, ce n’est pas énorme à l’échelle du Web… mais ce n’était que le noyau dur de l’époque. Depuis, ça a sans doute grossi, surtout avec la résurgence d’intérêt pour le web décentralisé. En 2025, le mouvement commence vraiment à prendre de l’ampleur, notamment avec l’explosion du Fediverse (Mastodon, Pixelfed et compagnie). De plus en plus de gens comprennent l’intérêt de posséder leurs données, et des outils comme Bridgy Fed permettent maintenant à votre site IndieWeb de communiquer directement avec Mastodon via ActivityPub (votre blog peut littéralement devenir une petite instance Mastodon à lui tout seul). Notons d’ailleurs que Bridgy Fed vient de passer en organisation à but non lucratif pour pérenniser le projet.
La communauté IndieWeb se structure autour d’événements appelés IndieWebCamps (Portland, New York, Brighton, Paris peut-être un jour ?). Lors de ces camps, des créateurs, devs, journalistes, blogueur⋅se⋅s se réunissent, brainstorment et codent ensemble sur ces sujets. C’est du concret, du collaboratif. On y partage nos astuces, on construit des trucs en live, on s’entraide. Ce n’est pas un énième forum théorique : ce sont des gens qui bricolent leur propre site et qui en parlent avec passion. (Fun fact: le site indieweb.org maintient une liste de toutes les éditions passées, il y en a eu partout depuis 2011). En gros, même si on n’est pas nombreux, on est motivés 😁.
Est-ce que l’IndieWeb va “exploser” et détrôner les géants du Web ? Probablement pas, et en fait on s’en fiche. Comme l’a très bien formulé Susam Pal, dire que “l’IndieWeb n’a pas pris” c’est un peu comme dire que “le jardinage n’a pas pris car la plupart des gens achètent leurs légumes au supermarché”. L’IndieWeb n’a pas besoin de “faire un carton” pour être précieux pour ceux qui y participent. Ce n’est pas une course aux chiffres. Maintenir un site perso, c’est comme cultiver son jardin : un plaisir en soi, un acte d’indépendance, pas un truc que tu fais pour la gloire ou la masse.
D’ailleurs, tout le monde n’a pas envie ou le temps de jardiner son coin du web, et c’est ok. L’IndieWeb n’est sans doute pas pour Grand-Mamie Ginette qui veut juste voir les photos de ses petits-enfants sur Facebook. Ça demande un minimum de compétences techniques (avoir son nom de domaine, installer un CMS ou générateur de site, bidouiller un peu de HTML…). Ce n’est pas une solution clé en main pour Monsieur Tout-le-Monde, du moins pas encore. Mais pour ceux qui ont ces compétences, ou simplement l’envie d’apprendre et de mettre les mains dans le cambouis, c’est vraiment la voie à suivre. Et la barrière à l’entrée baisse petit à petit : il existe des outils de plus en plus simples, des tutoriels, des communautés prêtes à aider les nouveaux.
En tout cas, le web redécouvre les petites voix. On voit un intérêt renouvelé pour les blogs, les newsletters personnelles, les forums autohébergés… Une newsletter récente (dont je ne retrouve plus la référence exacte) soulignait qu’en 2025, la décentralisation devient un choix assumé : ne plus dépendre des algorithmes publicitaires ni des trackers, mais retrouver l’éthique originelle de publier pour s’exprimer, point barre. Ici, sur mon site, je n’en ai strictement rien à faire de savoir si vous êtes un homme, une femme, un·e non-binaire ou un saumon sauvage. Je n’ai aucune intention de connaître votre origine, votre âge, votre religion. Je me fiche de deviner quel article vous ferait plaisir juste pour flatter mon référencement. Je ne vais pas calibrer mon contenu pour plaire à l’algorithme ou éviter de froisser untel. Je publie ce qui me passionne, et si ça vous parle tant mieux, sinon tant pis. Il n’y a pas de bouton Like ici, pas de nombre d’abonnés affiché. Et qu’est-ce que ça fait du bien !
Bien sûr, tout n’est pas parfait au pays IndieWeb. Il y a des détracteurs, ou simplement des gens que ça laisse froid. Certains jugent que c’est un délire de tech-nerd un peu vain, que c’est trop d’efforts pour un gain limité. On entend des « Qui lira ton blog perdu ? Autant poster sur LinkedIn, tu toucheras plus de monde ». D’autres soulignent des problèmes réels : par exemple le spam. Oui, même le beau concept de Webmention peut être détourné par des spammeurs (un blogueur raconte que les seules Webmentions qu’il recevait provenaient… d’un site de poker russe qui spammait ses liens 😅). Il a fini par désactiver l’IndieWeb sur son site pour cette raison. Donc il faut garder un œil honnête : ce n’est pas un monde de Bisounours non plus. Les standards évoluent, des solutions anti-spam émergent, mais ce n’est pas magique. Il y aura toujours 20% de râleurs ou de sceptiques face à 80% d’enthousiastes, et c’est très bien ainsi – l’important c’est de rester lucide et de continuer à améliorer les choses.
Conclusion
L’IndieWeb, c’est le retour du web authentique. Tu n’as pas besoin d’un site léché façon multinationale pour être légitime. Un projet simple, bricolé avec amour, a bien plus de valeur qu’une énième page aseptisée sous Wix ou Medium. Un petit site statique (généré avec des outils comme Publii, Hugo ou Jekyll, par exemple) fait parfaitement l’affaire. (Pour les néophytes : un site statique, c’est un site qui est… statique 😁 Quoi ? Ça n’aide pas mon explication ? Tentons autre chose : un site statique, c’est l’inverse d’un site dynamique… c’est mieux ? Non plus ? Bon, disons qu’un site statique, c’est juste des fichiers HTML/CSS/JS tout bêtes servis tels quels, là où un site dynamique génère les pages à la volée via un logiciel côté serveur. L’essentiel à retenir : c’est plus simple, plus sûr, plus pérenne.)
L’essentiel ? Avoir son petit coin d’Internet. Libre. Personnel. Sans pub, sans algorithme. Un endroit à soi, que l’on contrôle de A à Z. Ose le moche, le singulier, le vivant : l’IndieWeb te le rendra bien. Ce site est mon espace, et j’y mets ce que je veux y voir. Si demain Facebook crame, si Twitter (pardon, X 🙄) coupe les serveurs, mes écrits, eux, seront toujours là. Finalement, ça coûte quoi d’essayer ? Achète un nom de domaine à 10€ l’année, utilise un générateur de site ou un WordPress, crée-toi une petite page perso. Tu verras, ça procure une satisfaction qu’aucun like éphémère ne peut égaler.
Allez, rendez-vous sur la petite toile ! 😘
Le coin des experts (pour aller plus loin techniquement)
(Ceci est une section bonus pour les curieux de la technique. Si vous êtes déjà convaincu·e ou que vous vous fichez des détails d’implémentation, vous pouvez vous arrêter ici 😉.)
Vous voulez vous lancer ? Bonne nouvelle : il y a plein de ressources pour démarrer. Le site indieweb.org fournit un guide Pas-à-pas pour créer son site indépendant (Démarrez dès maintenant !). En gros, les étapes clés :
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Prenez un nom de domaine perso (votre identité sur le Web). Exemple :
votrenom.comou ce que vous voulez. C’est votre adresse à vous, elle vous suivra partout. -
Créez un site sur ce domaine. Ça peut être un blog WordPress, un site statique généré avec Hugo/Jekyll, ou même une page bricolée à la main en HTML. L’important, c’est d’avoir un endroit où publier chez vous. Si vous n’avez pas envie de tout faire à la main, il existe des hébergeurs et outils tout prêts (par ex. Micro.blog offre un service de blog IndieWeb clé en main, WordPress a des extensions IndieWeb, etc.).
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Ajoutez les “building blocks” IndieWeb selon vos besoins/envies :
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Intégrez des balises microformats dans votre HTML (beaucoup de thèmes ou plugins le font déjà) pour rendre vos contenus compréhensibles par les outils IndieWeb.
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Mettez en place un endpoint Webmention pour pouvoir envoyer/recevoir des Webmentions. Si vous êtes sur WordPress, il y a un plugin qui s’occupe de tout. Si votre site est statique, vous pouvez utiliser le service gratuit Webmention.io : il sert de boîte aux lettres pour vos Webmentions, qu’il suffit ensuite d’afficher via un petit script JS. (Attention toutefois, Webmention.io est un projet dont la stack technique commence à dater – du Ruby un peu old-school – le code est maintenu mais l’architecture est vieillissante, et l’auto-héberger n’est pas trivial. Beaucoup l’utilisent tel quel en SaaS, mais qui sait s’il sera encore là dans 10 ans ? Un projet alternatif plus moderne serait bienvenu…)
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Activez IndieAuth/Rel-me si vous voulez pouvoir vous connecter sur d’autres sites avec votre domaine. Par exemple, Mastodon permet le Web sign-in via IndieAuth : vous pouvez vous loguer sur un serveur Mastodon en prouvant que vous êtes
votresite.com(ça redirige vers IndieAuth.com qui vérifie vos liens rel=me, etc.). Là encore, des plugins existent pour WordPress, ou des tutos pour les sites statiques. -
Si vous êtes du genre à publier en mobilité, jetez un œil à Micropub : installez un endpoint Micropub (plugin WP, ou configurer le CMS si intégré) pour permettre à des applis tierces de poster sur votre site. Par exemple, l’appli Android [Indigenous] ou le client web [Quill] peuvent ensuite publier des articles, likes, commentaires directement sur votre site via Micropub. Pratique pour alimenter votre site sans être devant votre ordi.
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Pour la partie POSSE, configurez des passerelles. Le service Brid.gy permet de lier votre site à vos comptes Twitter, Mastodon, Instagram, etc., et d’assurer la syndication et le backfeed (récupération des réactions). Par exemple, en connectant Bridgy à Twitter et en ajoutant un lien spécial sur vos articles, Bridgy ira poster le tweet à votre place avec lien vers l’article original, et importera les réponses comme commentaires. Idem pour Mastodon, ou même pour envoyer vos posts de blog vers LinkedIn (si vraiment vous y tenez 😜).
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Testez votre config : Le wiki d’IndieWeb propose des outils de debug comme https://indiewebify.me/ (pour vérifier que votre endpoint Webmention marche). Et rejoignez la communauté (sur le chat IndieWeb, ou Mastodon, etc.) – les membres partagent volontiers conseils et retours d’expérience.
Enfin, soyons transparents : tout n’est pas rose côté technique. Il faut souvent mettre les mains dans le cambouis. Par exemple, combattre le spam Webmention peut demander d’ajouter des filtres (certains comparent les Webmentions aux bons vieux trackbacks, donc les mêmes problèmes de spam peuvent survenir). Des solutions émergent (le plugin WordPress intègre Akismet, on peut filtrer par domaine, etc.), mais ça demande un peu de veille. De même, chaque brique IndieWeb est facultative : inutile de tout implémenter d’un coup au risque de s’arracher les cheveux. Allez-y pas à pas, selon vos priorités. Le plus important est Own Your Content : avoir un site à soi et y publier. Le reste (Webmentions, syndication…) peut venir progressivement, à votre rythme.
Gardez l’esprit “DIY” : l’IndieWeb, c’est de la bidouille positive. On essaye, on tatônne, on partage ses ratés et ses réussites. Peut-être que vous adorerez afficher les Webmentions de vos potes sur votre blog, ou peut-être que vous trouverez ça gadget et désactiverez tout. Peut-être que vous n’utiliserez jamais Micropub, ou au contraire vous ne jurerez que par ça. Ce n’est pas grave. L’idée n’est pas de suivre un dogme technique, mais de reprendre le pouvoir sur vos données et votre présence en ligne, dans la joie et la bonne humeur. Sur ce, j’arrête là ce mega-post. J’espère qu’il vous aura donné envie d’explorer cette petite galaxie IndieWeb. À vous de jouer – et n’hésitez pas à me faire un coucou sur votre site 😉.
Liens utiles (pour bien débuter ou approfondir) : IndieWeb.org (wiki officiel), Guide “Pourquoi IndieWeb ?", [Korben – présentation de l’IndieWeb (2025)], [New Yorker – Can “Indie” Social Media Save Us? (2023)], Liste des outils IndieWeb, [Newsletter This Week in the IndieWeb].